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LA SYNERGIE DU COLLECTIF
La philanthropie est aujourd’hui soutenue par des initiatives collectives d’envergure mondiale. Apparu en 2012 aux États-Unis et décliné aujourd’hui dans plus de 100 pays, le « Giving Tuesday » consacre une journée à la générosité et à la solidarité en célébrant le don sous toutes ses formes. La première campagne française du Giving Tuesday portée par l’Association Française des Fundraisers a été lancée en 2018. Par ailleurs, les acteurs locaux se regroupent de plus en plus pour travailler sur des problématiques de proximité et une mutualisation de leurs ressources. L'engagement collectif devient un facteur de réussite.
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UN RAJEUNISSEMENT DE LA CIBLE
Si les jeunes représentent une faible proportion des donateurs en termes de montant moyen, les moins de trente ans sont les plus généreux par rapport à leurs revenus, à égalité avec les plus de 70 ans. La proportion de donateurs réguliers croît assez linéairement jusqu’à la tranche 50/64 ans, puis marque un palier : l’habitude de donner se prend donc plus souvent dans les quinze dernières années de la vie active.
La génération Y représente les donateurs en devenir, les sympathisants d’aujourd’hui : 24% des donateurs ont moins de 35 ans (22% en 2017), 16% des donateurs ont entre 25 et 34 ans (13% en 2017) et 8% des donateurs ont entre 15 et 24 ans (9% en 2017).
UNE NOUVELLE GÉNÉROSITÉ PORTÉE PAR LES ENTREPRISES
Depuis la loi Aillagon encadrant le mécénat d'entreprise, l'intérêt général est devenu l'affaire de la société dans son entier. En 15 ans, le mécénat d'entreprise a connu un essor sans précédent. Le montant de dons déclarés a été multiplié par quatre, le nombre d'entreprises mécènes par 12. Le volume global du mécénat bénéficiant d’exonérations fiscales est passé d'un milliard d'euros en 2004 à près de 4 milliards en 2018. Le mécénat fait partie intégrante de la politique RSE des entreprises et elles sont nombreuses à le revendiquer. La loi Pacte offre désormais aux entreprises la possibilité de se doter d'une « raison d'être », d'embrasser la qualité de « société à mission » pour rendre visible leur engagement social, territorial ou environnemental. Par ailleurs, l’investissement à impact social mobilise des investisseurs qui font le choix d’une rentabilité raisonnée et de financer des actions à fort impact social et environnemental.
Grâce aux ressources de leurs mécènes, les « acteurs du changement », les philanthropes, s’engagent au quotidien pour faire avancer le bien commun, la solidarité et la connaissance. Ils poursuivent des rêves, construisent de grands projets que les levées de fonds leur permettent d'accomplir. Ils innovent, résolvent des problèmes. Le monde associatif participe au changement de la société, agit là où l'État ne peut aller, assure les missions qu’il n'a plus les moyens d'assurer. Loin d’être homogène, le monde de la générosité se fracture : la rigidité des pratiques anciennes de certains acteurs d’un côté, l’innovation des nouveaux entrants de l’autre.
Le don est encouragé à un taux rarement égalé en Europe, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. La réduction d’impôt concédée aux dons des particuliers s’élève à 66% du montant des dons dans la limite de 20% du revenu imposable du donateur, voire de 75% pour les dons « Coluche » en dessous d’un plafond de 521 euros (pour l’imposition des revenus de 2011 et 2012). Pour les entreprises, la réduction d’impôt s’élève à 60% du montant des dons dans la limite de 0,5 % du revenu imposable. Ce dispositif a été complété par la loi TEPA du 21 août 2007 permettant de déduire de son ISF 75% de ses dons, et ce à concurrence de 50.000 euros (45.000 euros en cas d’utilisation conjointe de la réduction d’ISF pour investissement dans les PME et de celle pour dons à des fondations ou associations).
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Pour autant, réduire la philanthropie à la recherche d’une économie fiscale reviendrait à passer à côté du véritable enjeu et de la véritable signification de cette action. Les projets philanthropiques d’envergure – dès lors qu’il y a création d’une fondation, par exemple – reposent sur des histoires personnelles fortes, ils mêlent élan du cœur, éducation, valeurs et parcours de vie. Face à un projet de fondation nécessairement durable, ce sont ces déterminants humains qui tiennent et assurent une continuité dans le temps, et non l’argument fiscal. Le témoignage de François Lemarchand illustre cette nature profondément humaine du geste philanthropique. Créateur et président de Nature & Découvertes, il est à l’origine de deux fondations, l’une créée par son entreprise, l’autre personnelle. François Lemarchand explique ainsi que son objectif n’a pas été d’accumuler des richesses, mais d’agir pour les causes qui le motivent, et c’est la raison pour laquelle il a constitué une fondation pour l’environnement avec son épouse et ses enfants: « La fondation est une façon d’enrichir notre relation à la famille, de mieux nous connaître, parfois nous découvrir les uns les autres. C’est un espace commun de liberté, d’initiatives pour construire le monde que nous voulons. »
Pour les particuliers, les éléments de motivation sont de diverses natures :
1. un pur élan de générosité face à des situations insupportables de pauvreté, d’indigence, de malnutrition…
2. un sentiment de redevabilité vis-à-vis de la société après un parcours professionnel particulièrement heureux ou après avoir soi-même bénéficié d’une aide,
3. une prise de conscience après un drame personnel (la perte d’un proche par la maladie oriente souvent vers le soutien à la recherche médicale…);
4. l’inscription d’un patrimoine artistique, d’une œuvre dans la pérennité, la valorisation de la mémoire d’une personne exceptionnelle.
Dans tous les cas, le respect de la volonté du donateur est un impératif moral. Ceux qui agissent avec de l’argent privé, pour le compte de donateurs, sont dépositaires d’une part de leur humanité. Lorsque le don est fait par legs, les bénéficiaires gèrent, au-delà de l’argent, un bien immatériel immense et précieux : celui de la mémoire.
Cette nature fondamentalement sensible de la philanthropie en constitue le moteur principal, elle n’est en rien exclusive d’une démarche professionnelle, fondée sur l’expertise, envisagée de manière stratégique et à très long terme. Pour les entreprises, il s’agit en général de développer un environnement plus favorable, soit dans des zones de proximité de l’entreprise (ses sites de production, sa marque), soit au niveau mondial, afin de répondre à des besoins en relation avec son activité.
Le changement des registres affecte également les entreprises. Sous l’impulsion de dirigeants éclairés, de nouveaux modèles s’inventent. C’est le cas de Danone, par exemple, qui, à l’initiative de Franck Riboud, s’est associé à la Grameen Bank fondée par Muhammad Yunus, pour créer la Grameen Danone Foods Limited au Bangladesh. La fabrication de yaourts à coût moins élevé a permis le développement d’emplois à travers la production, et la vente en porte-à-porte, une meilleure nutrition de ceux qui les consomment.
Les actionnaires peuvent récupérer leur mise après un certain temps, mais les profits sont réinjectés dans le projet afin d’en assurer le développement, les deux entreprises associées s’étant engagées à ne recevoir aucun dividende.
La philanthropie est un bien culturel qui prend du temps à se développer. Dès le plus jeune âge, elle doit être enseignée dans les cursus scolaires et universitaires comme une valeur de partage, au même titre que l’engagement vers des projets humanitaires ou sociaux vers lesquelles les jeunes se dirigent de plus en plus. Notre société est de plus en plus fracturée, la peur de l’autre se développe et l’altérité ne fait plus sens. Reconstruire le filet social, retrouver des valeurs de partage et d’engagement est indispensable si l’on ne veut pas voir la faillite de notre système dans tous les domaines. La philanthropie n’est évidemment pas l’unique solution car l’État doit rester le garant d’un filet social, mais elle est certainement un des moyens de partage et de rencontre entre des mondes les plus divers. Elle permet d’ouvrir des espaces d’espoir, de rencontres, de participation entre citoyens sur des engagements collectifs en France et à l’étranger. Grâce aux évolutions de ces dernières années, beaucoup de projets sont nés, beaucoup d’imagination s’est débridée, ouvrant des voies nouvelles pour traiter des questions difficiles et souvent douloureuses. Croyons en ceux qui veulent s’engager avec les moyens que la vie leur a donnés, croyons qu’il est des voies autres que le « tout État », croyons qu’il n’y aura pas de retour en arrière, qui entraînerait une immense déception pour ceux qui ont cru à ces engagements et certainement des dégâts dont il est difficile de mesurer tout l’impact. Dans un monde qui tourne de plus en plus vite, où les décisions se prennent de façon réactive, il serait nécessaire d’inscrire le projet de la philanthropie dans une perspective à long terme, pour le bien de tous. Source Francis Charhon fondapol