Durant l’apogée de l’usine à sucre, après l’abolition de l’esclavage, de nombreux Antillais désormais affranchis quittent en masse les îles, pour rejoindre la terre ferme du continent américain. Là, ils sont appelés à participer à la construction des plus grandes œuvres, comme
le Canal de Panama, qui emporta de nombreuses vies. Dès 1849, un an après l’abolition de l’esclavage, les Antillais de Guadeloupe et Martinique commencèrent à rejoindre Panama, pour travailler dans la construction ferroviaire. Dans les années 1880, près de 30 000 Antillais atteignent l’Isthme, et pour la seule année 1883, on dénombre 13000 morts, principalement du fait de la malaria.
Les descendants de ces Guadeloupéens ou Martiniquais vivent encore au Panama avec leurs souvenirs plein les tiroirs ou logés, pour les plus anciens, dans le creux de leur esprit et dans les lignes de leurs mains. Le carnaval, les danses, la culture populaire, sont des éléments marquants très forts de la transmission antillaise opérée sur le continent, au Panama, pays faisant le pont entre les deux Amériques (du Nord et du Sud). En effet, on peut rencontrer au Panama les héritiers de ce passé récent, qui perpétuent l’histoire de leurs grands-parents, ou arrières grands-parents, à travers des clubs ou des sociétés à vocation culturelle, et cette réalité est perceptible dès l’aéroport, baigné par le zouk du groupe Kassav dont le créole inonde les radios depuis la capitale jusqu’aux provinces les plus reculées du pays.
Ces « afro antillanos » comme on les appelle au Panama parlent précisément encore le français, pour certains aussi le créole, enseigné par leurs ascendants venus chercher fortune dès le XIXe siècle pour construire le Canal. Si la Guadeloupe et la Martinique rayonnent encore aujourd’hui bien au-delà de leurs frontières géographiques, c’est aussi grâce à ces femmes et ces hommes partis construire l’une des œuvres majeures de l’ère industrielle !
![Portrait Caledonia Panama](https://static.wixstatic.com/media/500e9a_5b02959dcb4348b3bfda0ec48e704cf3~mv2.jpg/v1/crop/x_148,y_0,w_980,h_850,q_85,enc_avif,quality_auto/500e9a_5b02959dcb4348b3bfda0ec48e704cf3~mv2.jpg)
Afroantillanos
ANTILLES - PANAMA
"Restaurer" ce canal, entre deux rives
![Port de pêche de Panamá City](https://static.wixstatic.com/media/500e9a_4fde236ab72f428687fb6f545f5c343e~mv2.jpg/v1/crop/x_148,y_23,w_980,h_805,q_85,enc_avif,quality_auto/500e9a_4fde236ab72f428687fb6f545f5c343e~mv2.jpg)
Francis Calton
PANAMA
❝ Je suis arrivé à Curundu en 64, après l'incendie de San Miguel en 57, et la lutte pour l’indépendance de 64. J’étais membre de la police de Panama. En 49 j’ai travaillé dans la Zone comme messager, j’ai eu un problème avec les chefs là-bas, pour une mauvaise interprétation de leur part : le gringo croit que nous autres nous sommes des esclaves. Il faut bien comprendre ça : je suis de race noire et il y avait des robinets pour prendre de l’eau sur le quai, un pour les Blancs et un autre pour les Noirs. ❞
©Periferia 2009 Fred Mogin photographe | Nicolas Rey anthropologue
![Francis Calton bario Panama](https://static.wixstatic.com/media/500e9a_06c1b53e821248119cdffdcb017c8886~mv2.jpg/v1/fill/w_618,h_411,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/500e9a_06c1b53e821248119cdffdcb017c8886~mv2.jpg)
![Madame Olga Chevry Guadeloupe](https://static.wixstatic.com/media/500e9a_ad5181b10392416fa5b4d33c7b529462~mv2.jpg/v1/fill/w_618,h_412,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/500e9a_ad5181b10392416fa5b4d33c7b529462~mv2.jpg)
Olga Chevry
GUADELOUPE
❝ Mon père était commerçant : c’était l’âge d’or à cette époque, tous les Guadeloupéens migraient vers le Canal. Papa était responsable de plusieurs boutiques au Panama.
C’est pourquoi en revenant ici de retour en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, il a ouvert une grande épicerie pour l’époque, face à l’école communale. Nous nous sommes installés sur le terrain familial de la tante de mon père, où il avait grandi. J’avais sept ans. ❞
©Periferia 2009 Fred Mogin photographe | Nicolas Rey anthropologue